Pour ce troisième épisode, nous inaugurons une série qui me tient particulièrement à cœur : Les Rencontres. Je vous inviterai de temps en temps à rencontrer une personne dont le parcours, toujours en lien avec l’éducation, est intéressant. Intéressant parce que différent, parce qu’inspirant, parce que surprenant ou inattendu : en tout cas leurs personnalités m’ont parlé, et peut-être vous parleront-elles à vous aussi…
Aujourd’hui je vous invite à rencontrer Pascale, 33 ans, jeune femme tenace et volontaire, que sa passion pour l’éducation a menée à suivre de bien jolis chemins de traverse. Vous pouvez écouter nos échanges ici :
De quoi avons-nous parlé ?
A 33 ans, Pascale a déjà vécu de nombreuses vies : aujourd’hui ASEM (Agent spécialisé des écoles maternelles) dans une classe Montessori, elle a été auparavant éducatrice spécialisée et AESH (Accompagnant des enfants en situation de handicap, anciennement AVS – Auxiliaire de vie scolaire).
Après le baccalauréat, Pascale suit des études de bibliothécaire qui ne débouchent sur aucun emploi. Elle travaille alors quelques temps au sein d’une famille d’accueil qui deviendra plus tard lieu de vie et d’accueil. Dans ce cadre, elle commence des études d’éducatrice spécialisée à l’IRTS à Bordeaux.
Elle travaille ensuite pendant 4 ans dans un foyer d’urgence. Le rythme de travail est soutenu, et à la naissance de son fils il y a cinq ans, Pascale décide de changer de voie pour pouvoir consacrer plus de temps à sa famille.
D’éducatrice à AVS
Faute de trouver un emploi à temps partiel comme éducatrice spécialisée, Pascale devient AVS (aujourd’hui AESH). Le rôle des AVS consiste à aider l’intégration d’enfants en difficulté ou en situation de handicap dans une classe. Sa première année est décisive : Pascale rencontre une enseignante de maternelle qui propose à ses élèves des ateliers autonomes. Pascale découvre alors la pédagogie Montessori, et c’est une révélation.
La découverte de la pédagogie Montessori
Ce qui lui plaît dans la pédagogie Montessori ? Ce sont des choses qui font écho à son expérience d’éducatrice spécialisée. On part de l’enfant, de ce qu’il est, de ses capacités et de ses difficultés. On valorise énormément son travail. Chaque enfant est unique : on ne lui demande pas de rentrer dans une case, mais on part de son projet pour l’amener plus haut. Le matériel et son utilisation ont aussi joué un rôle prépondérant dans son intérêt pour cette pédagogie.
Pascale décide donc de se former à ses frais, sur son temps personnel. Pour réunir les fonds et gérer son organisation familiale, elle étale la formation sur plusieurs années.
Elle suit sa formation au sein de l’association Le Chemin de l’Enfant à Revel auprès de Valérie Maestre. La formation dure 4 semaines + 1 semaine facultative, toujours durant les vacances scolaires. On y aborde la pédagogie et la philosophie Montessori, les ambiances de vie pratique et vie sensorielle, le langage et les mathématiques, tout en manipulant beaucoup le matériel. Au cours de ses conversations avec sa formatrice, le projet de Pascale commence à se définir.
Un changement en profondeur
Forte de cette nouvelle expérience, Pascale réalise en effet que sa posture en classe a changé : elle n’hésite pas, par exemple, à proposer des activités aux enseignants. Face aux élèves, elle entre dans une position de coopération et de croissance mutuelle ; elle les fait entrer dans le sens, la logique de chaque apprentissage. Elle accepte aussi pour cela de lâcher prise, de modifier ses schémas de fonctionnement. Pascale commence alors à chercher un nouvel emploi qui lui permettrait de s’épanouir dans cette voie.
La rentrée 2018 marque une nouvelle étape dans la carrière de Pascale : elle devient ASEM dans une école privée dont le projet pédagogique est très fortement marqué par la pédagogie Montessori. Elle travaille en binôme avec la directrice dans une classe PS-MS sur le projet de classe, et est maintenant très épanouie dans son métier.
A quoi ressemble une journée type dans la classe de Pascale ?
A la rentrée de janvier 2019, il y aura 29 enfants et 3 adultes dans la classe (l’institutrice, l’ASEM Montessori – Pascale, donc ; et l’ASEM travaux manuels). La classe est organisée autour d’un grand espace au sol où les enfants travaillent sur des tapis, et se retrouvent lors des regroupements. Seules quelques tables et chaises sont disposées pour l’apprentissage de l’écriture.
Organisation de la journée dans une classe de maternelle d’inspiration Montessori
8h15 – préparation de la classe pour accueillir les enfants. Elle vérifiera aussi plusieurs fois par jour que les plateaux sont en bon état ou prêts à être utilisés
Accueil personnalisé des enfants : cela prend du temps mais conditionne le reste de la journée. Pendant ce temps l’institutrice fait l’accueil des parents.
Puis accueil de groupe par l’institutrice : jeux de coopération, pour unifier le groupe. L’institutrice se forme sur la gestion des émotions et la gestion du groupe pour les tout petits, ce qui rend ce moment très riche.
Puis, pendant 1h30, chaque enfant prend un tapis et choisit une activité. Tous travaillent en autonomie. Un petit groupe fait des activités manuelles, l’institutrice et Pascale présentent le matériel et gèrent le reste du groupe. La récréation est placée en fin de matinée pour ne pas interrompre la concentration des enfants.
12h00 – Cantine / pause méridienne de Pascale
Suivi d’un temps de sieste / repos, de la petite à la grande section, sur une heure
Ensuite des ateliers sont de nouveau proposés, comme le matin. Ils sont suivis d’un temps de regroupement, puis de la récréation.
Pascale surveille ensuite l’étude pour les enfants du primaire.
Les pédagogies alternatives sont-elles intégrables dans les classes de l’Education Nationale ?
Selon Pascale, les enfants ont changé et ne sont plus les mêmes qu’il y a 20 ans. Pour leur bien-être comme pour celui des adultes accompagnants, il lui semble nécessaire de se tourner vers d’autres approches. Mais faire du Montessori pur n’est pas forcément faisable, ni même nécessairement souhaitable : il y a de belles et bonnes choses qui se font aussi dans le traditionnel ! L’idéal serait de faire un mix de toutes ces choses, de s’ouvrir aussi vers Freinet, Reggio…
Pour réfléchir sur les possibles de l’école, n’oubliez pas d’écouter Lola, observatrice d’écoles, qui nous parle dans notre huitième épisode d’éducation, de confiance et de liberté.
Quelques livres pour aller plus loin
Les ouvrages de Valérie Maestre : Compter (dont une excellente critique est disponible ici )
Accompagner les apprentissages avec la pédagogie Montessori
100 activités Montessori pour apprendre autrement
Merci de nous avoir écoutées! A très bientôt 🙂
Yep, touchée, les filles 😘
🙂
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