Pour inaugurer cette nouvelle année 2019, que nous vous souhaitons merveilleuse, nous accueillons Mélanie, qui est en train d’ouvrir une école alternative hors contrat dans le sud de la France. Mélanie nous a expliqué les tenants et aboutissants de la création d’école, et elle a eu bien du mérite, puisque nous avons été fréquemment interrompues par une nuée d’enfants b’alades ! Vous entendrez d’ailleurs ma voix d’outre-tombe, mais rassurez-vous, je parle peu dans cet épisode 😉
Pour écouter notre conversation, c’est ici…
De quoi avons-nous parlé ?
Mélanie est éducatrice Montessori pour les enfants de 3-6 ans, elle organise des ateliers pour les enfants entre 2-6 ans.Cela fait longtemps qu’elle rêvait de créer une école ; à la suite d’un déménagement, elle rencontre une autre éducatrice Montessori, ainsi qu’une jeune femme en train de se former sur la pédagogie 6-12 ans et une institutrice. Les jeunes femmes lancent alors le projet « Les graines de l’hêtre » .
Comment faire pour ouvrir une école ?
Tout d’abord, on monte un projet pédagogique avec l’équipe. Ensuite il faut choisir une structure (association, entreprise) et écrire, puis déposer les statuts. Enfin, et c’est le plus complexe, il faut trouver un local répondant aux norme pour accueillir du public (ERP), avec un accès extérieur, assez grand, et dont le loyer rentre dans le budget ! Les pompiers peuvent faire une visite pour valider que le local respecte les normes de sécurité.
Pour ouvrir une école, il faut que la personne s’apprêtant à assurer la direction de l’école ait au moins 5 ans d’ancienneté dans l’Education Nationale. Les enseignants doivent avoir un niveau bac + 3, pas de casier judiciaire, et la nationalité française. Ces exigences ont été mises en place par la loi Gatel, publiée en avril 2018.
L’inspection académique effectue une visite tous les ans, pour vérifier que les enfants sont instruits et que le programme proposé leur permettra d’acquérir les connaissances du socle commun.
Les finances, nerf de la guerre
Ouvrir une école, cela coûte cher ; il faut financer locaux, matériel, salaires, charges (électricité, impôts)… Il n’existe aucune subvention pour ce type de projet. Les associations peuvent tenter une demande de subvention auprès des collectivités. Les sources de financement principales restent l’appel aux dons, et les ressources financières personnelles des porteurs de projets. Les frais de scolarité sont, une fois que le projet est lancé, la seule source de financement, ce qui explique que la scolarité coûte cher…
Dans une école privée sous contrat avec l’Etat, l’Etat prend en charge le salaire des enseignants, ce qui n’est pas le cas dans une école hors contrat, dans laquelle tous les frais sont payés par la structure qui ne reçoit aucune subvention. Dans un cas comme dans l’autre, l’Etat n’intervient pas du tout dans les choix pédagogiques : il vérifie simplement l’acquisition des compétences par cycles. Une école peut demander à passer sous contrat seulement après 5 ans d’existence.
Les familles intéressées par le projet d’ouverture d’école sont celles qui ont choisi l’instruction en famille faute de trouver une école alternative à leur goût dans la région, les familles en difficulté dans le système traditionnel, et des parents curieux qui voudraient connaître autre chose. La communication se fait par bouche à oreille, via les réseaux sociaux, en distribuant des flyers, en organisant des réunions publiques, en envoyant des newsletters…
Quelques ressources pour aller plus loin
Vous pensez à ouvrir une école hors contrat ? Il existe des groupes Facebook pour en discuter : « ouvrir un nido ou une école Montessori » , « créateurs d’écoles innovantes » (pour toutes les écoles alternatives, qu’elles soient ou non affiliées à une pédagogie) . Les réseaux EUDEC (pour les écoles démocratiques) ou Montessori 21 offrent un soutien administratif aux créateurs. Vous pouvez aussi visiter le site Créer son école.
Pour savoir comment se passe la journée des enfants dans une école Montessori, écoutez l’épisode de podcast consacré à Pascale, qui travaille dans une structure de ce genre!
Les Graines de l’Hêtre est un projet d’école maternelle et primaire, pour les enfants allant de 3 à 12 ans. L’idée serait d’accueillir tous les enfants dans une seule classe ouverte, avec une éducatrice dédiée pour chaque groupe d’âge (3-6, 6-9, 9-12 ans). Le matin serait consacré aux activités Montessori. Les activités de l’après-midi seront inspirées par Freinet pour les plus grands, ou tourneront autour de l’art, l’artisanat, le jardinage, pour les plus petits. Les porteuses de projet restent ouvertes aux apports venus d’autres pédagogies (elles ont ainsi suivi une formation au geste d’écriture Dumont). Le projet est actuellement en recherche de local pour une ouverture en septembre 2019 dans la région du nord d’Alès, dans le Gard.
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